La Horde du contrevent, d'Alain Damasio
The answer is blowin' in the wind.
Présentation de l’éditeur : Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou. Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d'un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien. Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d'un pinceau, d'une caméra ou d'une arme... Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire.
Dans un monde où chaque être vivant apprend depuis toujours à vivre avec le vent constant, où tout est construit de façon à y résister au maximum, il existe depuis des générations la Horde, une troupe dont les membres ont consacré leur vie à avancer à contre-courant pour atteindre l’Extrême-amont, c’est-à-dire, pense-t-on, l’origine du vent, afin de pouvoir le contrôler, l’arrêter, et surtout en connaître toutes les formes et le comprendre.
La 34ème Horde est composée de 23 membres, hommes et femmes, aux fonctions diverses et complémentaires. Citons par exemple Sov, le scribe, chargé de rédiger le carnet de l’expédition, Erg, le combattant, Oroshi, l’aéromaître, ou encore l’insaisissable Caracole, le troubadour. Tous savent qu’ils ne forment qu’un, et que seule la Horde peut espérer faire face au vent, qu’individuellement ils sont perdus.
Et Golgoth, le traceur, celui qui décide de la voie à prendre, à la tête de la Horde, en est persuadé : la 34ème Horde ira plus loin que tous leurs prédécesseurs, la quête sera menée à bout.
J’ai voulu découvrir ce livre, suite à la lecture de critiques élogieuses partout sur la toile, alors que de base la quatrième de couverture m’aurait plutôt incitée à passer mon chemin, la présentation ayant un côté un peu trop élitiste à mon goût.
Et le début de la lecture de ce livre épais fut assez rude : on se retrouve directement plongé avec la Horde en pleine lutte contre une forme assez violente du vent, on se rend compte que les personnages s’alternent dans la narration sans les connaître encore.
D’ailleurs au début de chaque « prise de parole » d’un personnage, on trouve un symbole qui le caractérise : un oméga pour Golgoth, une parenthèse fermée pour Sov… Et là j’ai remercié la chance d’avoir trouvé dans le livre de poche un marque-page reprenant le nom des 23 membres et leur symbole associé, ce qui m’a évité de me référer systématiquement à la présentation du début de livre afin de savoir qui parlait.
Mais une fois passées les premières pages, une fois rentrée dans l’histoire, quel bonheur ! Je me suis complètement attachée aux membres de la Horde, les découvrant petit à petit au rythme de leur progression, souffrant, luttant contre le vent et le froid avec eux…
Il faut dire qu’ils ont tous un caractère bien particulier, une façon de raconter et un langage qui leur est propre, Golgoth direct, brutal et vulgaire, Sov faisant des phrases plus élaborées, Caracole s’amusant à manipuler les mots et les figures de style…
Car Alain Damasio a une formidable maîtrise de la langue, en joue énormément, et lecteur en vient vite à comparer les mots au vent lui-même.
Pour moi un énorme coup de cœur (oui, encore un), une immersion totale dans l’univers, et pour le moment ma meilleure lecture de 2011 (je l’ai lu début juin), le genre de roman après lequel il est difficile d’enchainer, tant tout risque de paraitre fade…
A titre d’information, une bande originale a été composée spécialement pour le livre. Le CD est d’ailleurs inclus dans la couverture du grand format, malheureusement l’ayant lu en poche je n’ai découvert l’existence de cette musique qu’après avoir fini ma lecture.